L’essor des réseaux sociaux a révolutionné la communication, notamment en permettant à des personnes ignorées par les médias traditionnels de s’exprimer et d’avoir une audience, et en permettant ainsi à quiconque de gagner sa vie en ligne. L’utilisation de fake news, de désinformation et de discours haineux en ligne constitue aujourd’hui une menace majeure pour notre société. Heureusement, nous disposons désormais de technologies capables de distinguer les différents types de contenu et de repérer les fausses informations potentielles en remontant à la source du serveur et en identifiant l’identité de son créateur. La part croissante d’informations diffusées à travers les réseaux sociaux s’accompagne d’un besoin imminent de nouvelles mesures réglementaires afin de s’adapter aux besoins actuels.
Monétiser notre attention
Les entreprises de réseaux sociaux monétisent notre attention. Selon l’Université d’Oxford, les créateurs de contenu sont encouragés à fournir des informations “clickbait” afin que leurs abonnés cliquent dessus – même si l’information n’a pas été vérifiée. Ces informations, ainsi que la publicité numérique sont généralement segmentées en plusieurs catégories telles que le sexe, l’âge, la nationalité, entre autres, ce qui permet aux fake news de maximiser leur production et leur diffusion. Les créateurs de fake news, à la manière de certains acteurs politiques et étatiques, utilisent les données des utilisateurs pour cibler la population à l’aide de publicités politiques. Le Dr Israr Khan appelle ces messages “publicités sombres”. Ces derniers sont personnalisés pour chacun d’entre nous, de sorte que les informations que nous voyons varient en fonction de notre zone géographique, de nos croyances, etc.
En effet, dans la mesure où il est difficile de prédire comment une personne réagira à une fake news, il faut prendre en considération ce qui est considéré comme la “vérité”, car elle est subjectivement différente pour chacun d’entre nous. D’autre part, la plupart des informations erronées et la propagande diffusée vont du simple texte aux vidéos ou aux images, perturbant l’idée même de ce qu’est une fake news. Dans le cas des réseaux sociaux, il est nécessaire de mettre en place une réglementation structurelle axée sur des changements systématiques, notamment en ce qui concerne les mécanismes de monétisation de la publicité, le profilage, la vérification des informations et les robots.
Réponse de l’État
Juridiquement parlant, les réseaux sociaux n’ont pour l’instant brisé aucune règle. De nombreuses lois pourraient être appliquées pour protéger les individus contre la diffamation, la diffusion de fausses informations et autres formes de contenus préjudiciables, mais il faudrait pour cela renforcer la structure juridique existante. Pour Samantha Bradshaw, de l’Oxford Internet Institute, les conditions d’utilisation créées par les entreprises de réseaux sociaux devraient être modifiées et adaptées aux besoins actuels afin de garantir qu’internet reste un espace ouvert aux idées et aux conversations.
La Suisse face aux fake news
Désireux d’identifier et de dénoncer les fake news, le Dr Gérôme Bovet, directeur de l’étude des données chez armasuisse Sciences et technologies a lancé un projet de recherche ambitieux et innovant. Une équipe intégrée par armasuisse S+T et ZHAW travaille actuellement sur un algorithme conçu pour détecter les fake news sur les réseaux sociaux à l’aide du Natural Language Processing, comme ils l’expliquent. Le principe est le suivant : l’algorithme apprend les habitudes d’écriture d’un utilisateur et peut ensuite reconnaître un message de cette personne qui a été écrit et publié sous un autre nom. Par exemple, si un tweet est envoyé et diffère du profil utilisateur créé, il sera reconnu comme une anomalie.
Les gouvernements prennent petit à petit des mesures pour améliorer la transparence de la publicité, du contenu et de la propagande sur les réseaux sociaux. Cependant, il est crucial de créer des lois visant à limiter les dommages et à renforcer la démocratie. Selon le gouvernement suisse, des mesures ont été prises, telles que la vérification de l’identité des personnes et des organisations, et des initiatives de renforcement de la confiance en le gouvernement et en les institutions publiques. Il est intéressant de mentionner que la réponse internationale est également fondamentale pour garantir les droits, car elle pourrait garantir l’accès universel à l’information en réduisant potentiellement les problèmes associés à la manipulation sur les plateformes.